Si vous n’avez jamais entendu parler de COBOL, c’est que vous avez moins de 40 ans ou que vous avez oublié. Pourtant, le COBOL fut partout.
Une longévité exceptionnelle
Ce langage informatique inventé en 1959 par Grace Hopper – une informaticienne américaine, qui a servi dans la marine pendant la seconde guerre mondiale, bref, pas la mamie gâteau standard – avait originellement pour but de soutenir l’administration tout en facilitant l’interopérabilité. Développer un langage indépendant des constructeurs dans un format proche de ce que l’on appellerait l’Open aujourd’hui, c’était révolutionnaire.
Sans surprise, le langage a conquis le monde de l’entreprise. En 1997, 80% des entreprises utilisaient du software en COBOL. Sauf qu’en 2000 et son fameux bug, l’âge de la technologie a commencé à se voir, amorçant son déclin. Ou plutôt sa très lente agonie, car aujourd’hui encore, 42% des entreprises du monde de la banque / assurance utilisent encore des systèmes hérités reposant sur COBOL !
Une transition problématique
Problème : comment transitionner de cette technologie (réputée pour sa difficulté syntaxique) vers d’autres plus modernes alors même qu’il n’y a plus de professionnels actifs sur le sujet ? En effet, à partir des années 2010, toute la génération des boomers sont partis en retraite, et avec eux les compétences en COBOL, ce langage boudé par les écoles et les jeunes actifs car jugé sans avenir.
Cette absence de plan de succession n’est pas décorrélée du sujet plus global du Strategic Workforce Planning (ou GPEC). La démographie des populations porteuses de cette compétence était parfaitement modélisable et anticipable, laissant malheureusement aujourd’hui un grand nombre d’entreprises démunies. Et pour cause : sur Linkedin, on ne dénombre plus que 10 000 professionnels de la Banque / Assurance avec ce skill.
Les Papys à la rescousse
Alors, court-on droit dans le mur, les systèmes bancaires vont-ils s’effondrer, et est-ce l’heure de courir les bras en l’air en paniquant ?
Pas si vite. L’alerte a déjà été lancée, et de plus en plus de jeunes développeurs malins s’établissent en freelance pour accompagner la migration des programmes, souvent vers du Java. Ce n’est pas sexy, mais ça paie bien (jusqu’à 50% de plus sur une plateforme comme Malt).
Ensuite, la pénurie de talents en COBOL ne se fait ressentir que parmi la population active. Si l’on élargit la recherche aux retraités, la “supply” est bien plus importante. C’est en observant cela que Bill et Eileen Hinshaw ont créé les COBOL Cowboys (oui, ils sont texans…), qui permettent à d’autres retraités comme eux d’arrondir leurs fins de mois en maintenant du code pour des entreprises.
Même s’il est assez évident que COBOL n’est pas une technologie d’avenir, c’est finalement l’outsourcing qui servira de planche de salut à nos banques et assurances. Encore faut-il savoir dans quelle proportion combler le manque de compétences, et sur quelle période temporelle. Et ça, ça se planifie…